dimanche 21 septembre 2025

Aphorismes, 2025




Ne choisis pas celle que tu choisiras mais l’autre, juste à côté d’elle.

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Je vois, lisant dans les lignes de votre main, que vous m’aimerez.

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Se présente à toi une mallette avec pierres rares amoncelées qui feraient ta richesse, mais il te faut mourir pour l’acquérir.

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Dans mygale, ce qui fait peur, c’est le « y » (ou alors, parce qu’audible : « moitié de gale »).

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L’encre sait, face à l’effacement (que rien d’une éternité ne lui est possible).

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J’aime de toi ton poumon, il ne va pas seul bien sûr, l’époumonnement à vivre.

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Le scrolling ouvre sur un livre spécial, non pas, sans doute, le dernier (dernier serait faire trop peser la phrase).

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Sois toi-même la mallette.

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Dans « mygale », c’est le « y » qui fait peur, plutôt que les pattes velues, il semble une main humaine.

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Sois la soie des soirs d’été (je t’entends vouloir ajouter : la sueur, l’acier).

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Parfait : qu’on ne rie pas quand je suis drôle (le rire est passé de mode).

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Que l’humanité toute s’essaye aux phrases idiotes (pour sauvetage).

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Cette bouteille d’Armagnac, présent de ces derniers jours, est sablier spécial* : écoulée, il n’y aura plus de savoir possible de l’heure qu’il est.

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L’idiotie, c’est faire acte de littérature à l’ère du scrolling.

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Sois l’amulette (te protégeant de toi-même). 

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La traversée des nuées dans le bleu du ciel beugue (dislocation), effet du scrolling qui est l’héroïne de nos temps.

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La vie elle-même serait passée de mode, l’errance de nuit tenez dans les rues d’une cité oubliée sous averse. Ou alors, etc.

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L’étrangeté, dans les phrases idiotes, c’est le « je » qui s’y dissémine (qu’est-ce, et renvoyant à quoi d’impossible ?).

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Le Cogito est le mot de passe de l’accès au rêve.

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Avec le scrolling, l’affolement de ne pouvoir tout engloutir du monde et son effet d’infini (qui finira, peut-être dans une heure).

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Le mot de passe oublié, subsiste de cela, exister, peut-être une seule lueur en voie d’extinction, ensuite l’obscurité.

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Tout texte, frappé de doute qu’il soit chose de l’IA, il y a qu’il y a l’IA, et qu’elle perturbe jusqu’à, même, la littérature la plus sophistiquée.

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Le réel est miné de l’intérieur par le rêve.

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Qu’un texte soit généré par l’IA — s’il s’avance vers des zones inexplorées, inexplorables par l’hominidé* parce qu’allant trop loin — le justifie d’être.

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Interrogatoire : Y aura-t-il (dans de seules heures), avec les lueurs aurorales, rosée sur la flore, tout végétal ?

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Toute phrase ici est manuscrite, portée à même ce cahier de « leçons et devoirs » (brimade), l’écriture s’en affecte, traversée de ratures, l’IT (littérature, Intelligence Textuelle).

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Dans aphorismes, ce sont les lettres d’amphore qui sautent aux yeux, et non loin d’elles, l’euphorie.

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Denis Ferdinande, 2025