Peut-être même ne se passe-t-il que cette nuit passant, alors l’une de ses scènes, dans le sommeil introuvable : circulation d’alcools, n’être presque que seul qu’est ce presque ? A se croire de surcroît partout en cette heure sauf au bon endroit ; encore qu’écrire s’y puisse encore. Fragment d’un questionnaire qu’il y aurait : comment appréhender ce qui vient (contrée au bord d’être découverte ; dès la première des lueurs aurorales), où écrire précisément saurait ne plus se pouvoir, faute notamment d’une table, fable de l’impossible table attendu qu’il s’en pourra toujours fabriquer et plus d’une même, s’il y a scie (que dit le machiniste ?), empruntant aux troncs de végétaux en présence, ou alors rester à proximité du train afin qu’écrire se puisse encore et toujours, à ses tablettes, matinée tardive réveil et aller en reconnaissance, dans la contrée désertée en d’autres temps, ayant tout épuisé de ses ressources, toute vie, que fait le descripteur que dit-il, il faudrait qu’il parlât, des possibilités de s’établir dans les parages du convoi ; faisant apparaître ce qui jusqu’alors n’était pas, inventant à l’occasion jusqu’à la présence d’un puits, le mot désaltérer (interpelle en cet instant) désaltérer se désaltérer de son eau et cela, afin de ne pas risquer de virer autre et mal, altéré par une déshydratation qu’eût causée l’absence de puits ; entendre, puisqu’il parle, le descripteur dit bonne son eau, qu’il y a eau, donc, et bonne, même s’il est possible de lui préférer sur l’instant tel alcool, que c’est l’occasion même avec cette pensée qui n’arrive pas d’un hasard : quelles réserves — un secret ? — le convoi garde-t-il d’alcools ? Le descripteur, qui une fois encore réalise ce qu’il dit décrire, illusions, parfait illusionniste, répond, s’agissant des réserves : de quoi tenir plus que de seules semaines, puis se retire — est vu s’éloignant du lieu et pour toujours, c’est dès lors être seul, le machiniste s’étant évaporé, qui ne donnera pas la réplique, s’il avait seulement importé de parler esseulement presqu’éprouvé déjà, et bientôt transfiguré en alacrité, sachant qu’écrire peut reprendre et de plus belle, ce sera : sans discontinuer dans les nuits et les jours, ou alors suspendre par périodes l’écriture mais pour elle, où c’est écrire que ne pas écrire, appartenance au titre de la gestation, a-t-on bien compris que le convoi ne repartirait pas ? Qu’il devient le lieu à l’arrêt aussi longtemps qu’il doive l’être ? Et s’il y avait plus que le convoi, à être arrêté, à savoir aussi et notamment le temps ? Les heures en tout cas semblent éternelles, de cet après-midi où cessent les reconnaissances, à défricher les sentiers obstrués même s’ils n’acheminent nulle part (plus une chance qu’il y ait un lieu*), écrire reconduit au soir, d’ici-là la seule stagnation dans le compartiment, sa désertion qui n’a rien d’un insoutenable ; telles, les choses telles qu’elles devaient être, qu’il aura été rêvé à tout le moins qu’elles fussent, avoir à soi la contrée, familière qu’elle sera dans de seuls jours, à soi comme elle est à la faune qu’il saurait y avoir, craintive qu’elle peut être encore, retenant toute apparition, disséminée pourtant dans la haute végétation (telle traversée fulgurante en cet instant même), comme s’il se pouvait que l’on en voulût à sa vie, à savoir à sa chair, n’être d’aucune menace — ce qu’il s’agira de soutenir ; l’heure qu’il peut être ne se sait pas, c’est l’après-midi encore, mais l’heure — dirait s’il est temps de reprendre la phrase où elle aura été laissée, à quand remonte l’écriture de cette phrase tout est oublié, et cet oubli est sans cause qui apparaisse, à laisser être, approche d’un élan, d’entre la faune et élançant la phrase (faculté élançante due à ses lettres — animal lettré) c’est enfin le soir, souvenir d’un regard fût-il furtif de qui s’approcha puis prit la fuite, est-il seul, et fait-il déjà le récit, à sa tribu, tributaire de cette expérience, de ce qu’il aura vu, en sa langue sans pareille. Nuit sous lanterne dans le compartiment, fin d’écriture et de la petite catastrophe apparue de long en large relisant, obligeant à une réécriture qui n’aura pas lieu, que subsistent les défauts (zone laissant à désirer), trop tard, il y aurait intérêt à ce qu’ils figurent plutôt que détruire, alors que se passe-t-il, rien encore, c’est la nuit, approchait-elle seulement ? Où en était l’heure ? Il n’importe — ce qui a nom de concordance —, nuit si c’est elle, et non le plein jour, si c’est elle où lever le regard vers ses profondeurs, impossible de s’y jeter, l’attraction hélas empêche, l’attraction terrestre où est enferré ce qui n’a pas de racines. Aurore d’autre jour, surlendemain (du lendemain, tout est oublié non que tout y fût quelconque), errance dans les parages du convoi puis s’éloignant dangereusement de ce dernier, tache qui saurait disparaître avec la distance, diverses apparitions dont des vestiges de l’ancienne cité, tel escalier arrêté à sa neuvième marche n’acheminant plus que spectralement vers*, non, nulle part, ruine, tout ici est ruines, il se peut qu’il y eût guerre, la cité : champ d’une dernière bataille, n’aura pas été prise afin d’être reconstruite (et que la vie y revînt), distincte de la cité d’origine, sauf — peu crédible n’importe en rien — à ce que les ruines se voulurent ruines voire furent édifiées comme telles, cité réplique de cités détruites à même le terrestre mais à quel titre des conjectures sauraient affluer retenues, jusqu’à l’oubli et l’invasion d’une végétation sauvage pour plus que de seuls siècles, voilà bien là le cliché même, la photographie qu’il s’agit de prendre de l’endroit, vient le soir douceur retour vers le compartiment où rien ne se passe, passage qu’il ne s’agit pas même de forcer mais : laisser être, toute heure avec réminiscences de l’errance dans le jour, senteurs des fleurs dans l’ivraie sous averse, et sans recherche, sans pensée alors un instant qu’un abri serait préférable ; ni savoir ce qui aura mû le pas ces longues heures, dans le spectral habitant les ruines, et ses communications par voies étranges, des voix semblant appeler, déploiement de la tablette, petite table murale où disposer les manuscrits des derniers jours, ce pourrait être leur nom est-ce à dire qu’ils aient à finir (épilogue) où en est le volume, susceptible autant de finir que de commencer, commencer : volumineux ce que rien n’empêche, d’un millier de pages aux péripéties sans cesse renouvelées, telles répétitions à l’occasion, où n’intéresseraient que les différences fussent-elles infimes, ce qui finit ce qui commence finissant, propre à ajourner la fin même, reste le monde du convoi, pas épuisé encore, se cherchant un, plus d’un objet qui ne soient rien de déjà apparu, confer leur nouveauté, mais rien de cela ne se sait encore, recherche susceptible d’échouer, objets introuvables, tombée de nuit il faudrait un récit des traversées de son ciel, ce seraient les objets, comment traversent-ils, quelles trajectoires venant s’inscrire en la rétine mais de seules secondes outre la persistance mnésique, il y eut une météorite, première à apparaître, il n’est que de s’étendre dans la végétation pour la vision et sa sidération, que viennent fulgurer en hordes les objets en question, telles percussions possibles importe-t-il qu’elles aient lieu, cette nuit même s’entend, de seuls tracés une fois encore, aveuglent-ils, rectilignes en rien, effet qu’il y a courbes, et il y a, et s’il y a trêve en leurs mouvements, ce sont visibles les astres où les constellations tiennent lieu de cordages reliant selon que l’on y tienne, qu’il y ait lieu d’y tenir. Maintenant écrire, et s’il se pouvait, le restant de nuit fixant les heures récentes, voire y ajoutant, l’ajout où réside l’intérêt ou le sens d’écrire, cette phrase même s’acheminant pas idée vers quoi, mot qui serait le lieu, son nom peut-être invention de ses lettres où se reconnaîtrait la langue (consonances, voyellances, lettres-lances),